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Photo du rédacteurApiep Chatenay-malabry

Un lien possible entre déodorant et cancer du sein ?

Les déodorants anti-transpirants favoriseraient-ils la survenue de cancers du sein ? C’est une question à l’origine de nombreux débats dans la communauté scientifique depuis des années. Une nouvelle étude, publiée en septembre par un groupe de chercheurs de la Fondation des Grangettes dirigé par les Suisses André-Pascal Sapino et Stefano Mandriota, soulève de nouveaux doutes quant à l’inoffensivité des déodorants utilisés par des milliards de femmes dans le monde.


Ces chercheurs ont exposé in vitro des cellules de hamster, dont des cellules de glandes mammaires, à des sels d’aluminium. Les résultats de cette étude, publiés dans la revue International Journal of Molecular Science, mettent en évidence un certain nombre d’anomalies cellulaires à la suite de cette exposition. En effet, le métal pénètre dans les cellules et provoque leur instabilité génomique. Or, cette instabilité est typique de celle que l’on retrouve dans presque toutes les tumeurs humaines : le matériel génétique de la cellule est altéré et ne sera pas réparé, la cellule malade va donc continuer à se répliquer et provoquer le début d’un cancer. Selon cette étude, le métal qui pénètre dans les cellules favoriserait donc l’apparition de nombreuses anomalies, multipliant ainsi le risque de non-réparation cellulaire et donc de cancer.


En 2012, ces deux mêmes chercheurs avaient déjà permis de mettre en évidence un lien in vitro entre les sels d’aluminium et l’apparition de modifications génétiques dans les cellules mammaires humaines. Cette nouvelle étude permet aujourd’hui d’en expliquer le mécanisme. Cependant, l’extrapolation de ces résultats à l’être humain n’est pas évidente. En effet, il faudrait mener de vastes et longues études incluant des groupes d’utilisateurs réels de déodorants contenant des sels d’aluminium et à ce titre, les résultats ne seraient pas connus avant plusieurs années. Les chercheurs mettent tout de même en garde les consommateurs contre l’utilisation de ces produits, car il existe un réel lien statistique entre déodorant anti-transpirant et apparition de cancer du sein depuis les 50 dernières années. Le mardi 12 octobre, l’oncologue André-Pascal Sappino expliquait même sur France Inter que « plus de 80% des tumeurs surviennent dans la partie externe de la glande, celle qui est à proximité de l’aisselle ».


En attendant, ces résultats réaniment le débat car selon les autorités, l’utilisation de produits contenant un taux d’aluminium contrôlé ne serait pas nocif. Le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC) a estimé dans un rapport publié en 2020 que les déodorants anti-transpirants ne présentaient pas de danger pour l’organisme s’ils contiennent un taux d’aluminium inférieur à 10,6% pour les sprays et à 6,25% pour les autres conditionnements. De plus, en 2011, l’Agence Nationale de la Sécurité du Médicament (ANSM) ne met en évidence aucun lien entre l’utilisation des déodorants contenant des sels d’aluminium et l’apparition de cancer du sein.


La Fondation des Grangettes se lance déjà dans l’élaboration d’une plus large étude afin d’établir un vrai lien de cause à effet entre déodorant et cancer du sein sur l’Homme, mais le chemin est encore long jusqu’à prouver la nocivité de ces produits. En attendant, les chercheurs appellent les autorités à restreindre par précaution l’utilisation d’aluminium par l’industrie du cosmétique.


Marie Rousseau

Étudiante en 4ème année de pharmacie


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