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  • Photo du rédacteurApiep Chatenay-malabry

Santé et Industrie Pharmaceutique : Quelles sont les mesures des 12 candidats à la présidentielle ?

Dernière mise à jour : 22 févr. 2023

A l’heure où l’espoir de la fin de la pandémie de covid-19 commence à se dessiner en France, le sujet de la santé est au cœur du débat électoral. Nous ne sommes plus qu’à quelques semaines des élections et il est encore difficile d’y voir clair entre toutes ces propositions visant à réformer notre système de santé. C’est pourquoi nous allons aujourd’hui analyser les principales mesures de chacun des 12 candidats à la présidentielles 2022 en matière de santé mais également sur leur vision et les perspectives d’avenir de l’industrie pharmaceutique.


Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)


Santé :


La candidate anticapitaliste d’extrême-gauche qui se présente pour la 3ème fois aux élections présidentielles a dénoncé à de nombreuses reprises la gestion de la crise sanitaire ainsi que celle des hôpitaux. Nathalie Arthaud propose donc dans un premier temps de supprimer les forfaits hospitaliers et faire en sorte que 100% des dépenses de santé soient prises en charge tout en augmentant les indemnités journalières versées en cas d’arrêt maladie.


Supprimer le numérus clausus ainsi que favoriser l’installation des médecins dans les zones prioritaires sans obligation sont également deux mesures phares soutenues par la porte-parole de la Lutte Ouvrière. Comme de nombreux autres candidats, Nathalie Arthaud aimerait augmenter le nombre de lits disponibles dans les hôpitaux ainsi qu’augmenter le personnel hospitalier exerçant dans le public tout en revalorisant leur salaire.


Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


Plus globalement, elle aimerait que tout le secteur de la santé ainsi que de la recherche pharmaceutique appartiennent uniquement au secteur public et qu’ils soient contrôlés par les travailleurs du secteur, les usagers et la population. Nathalie Arthaud estime en effet que les collaborations de l’industrie pharmaceutique avec les médecins pourraient influencer la pratique de ces derniers et que la seule solution serait donc la levée du secret industriel et bancaire ainsi que l’expropriation[1] sans indemnité ni rachat de ces groupes qui « vivent déjà sous perfusion d’argent public ».


Finalement, Nathalie Arthaud se dit prête à réquisitionner les entreprises pharmaceutiques notamment si celles-ci ne se plient pas à l’interdiction de supprimer des emplois et elle n’hésite pas à cibler le géant Sanofi et dénonce le « scandale » de « ces grands groupes capitalistes richissimes qui continuent d’être de grands fabricants de chômeurs ».



Philippe Poutou (Nouveau Parti Anticapitaliste)


Santé :


Philippe Poutou, ouvrier et syndicaliste, conclue selon lui à une très mauvaise gestion de la crise sanitaire en expliquant que le capitalisme est incapable de faire face aux grands problèmes de l’humanité. Le candidat d’extrême-gauche aimerait rompre avec la logique de notre système en relançant l’hôpital public en termes matériels et humains ainsi qu’en développant une santé de proximité. Philippe Poutou milite également pour un remboursement des soins à 100 % par la sécurité sociale ainsi que pour le contrôle de celle-ci uniquement pour celles et ceux qui produisent des richesses. Cela viserait à interdire les dépassements d’honoraires ainsi qu’à supprimer les franchises et les forfaits hospitaliers.


Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


La mise sous contrôle de l’industrie pharmaceutique est une des principales mesures du candidat anticapitaliste. Philippe Poutou estime que cette industrie « profite de la recherche publique, des crédits d’impôts et de la Sécurité sociale » et propose donc l’idée assez délirante d’en finir avec les brevets et qu’ainsi toutes les innovations en termes de traitements soient libres d’accès à tous les pays. Il propose dans la continuité de ces mesures d’exproprier[2] les grands groupes de l’industrie pharmaceutique pour se « réapproprier les outils de production » dit-il, et tout cela sous le contrôle des salariés.


Fabien Roussel (Parti Communiste)


Santé :


Le candidat du Parti Communiste français aimerait « refonder l’hôpital public et engager une nouvelle stratégie nationale de santé ». Cela se traduirait par la suppression des honoraires de dispensations ainsi que par une lutte contre les déserts médicaux en autorisant l’installation d’un médecin dans une zone dense uniquement après le départ à la retraite d’un de ses confrères. Cet objectif serait également permis par la création de 100 000 emplois hospitaliers ainsi que par l’amélioration des conditions de travail et du pouvoir de décision des équipes soignantes.

Enfin, deux autres mesures principales en termes de santé que l’on retrouve dans le programme de Fabien Roussel sont la redéfinition des hôpitaux de proximité ainsi que le remplacement des Agences régionales de santé (ARS) par des services régionaux démocratiques de l’État composés d’usagers, de professionnels de santé et d’élus du territoire.



Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


Dans l’optique de détacher la sphère pharmaceutique de la sphère financière, le programme politique de Roussel dresse l’idée de créer un pôle public du médicament qui gérerait la production et la distribution de médicaments, financé par la taxation de 1 % sur le chiffre d’affaires des entreprises pharmaceutiques. À cette fin, le candidat ambitionne de nationaliser les entreprises privées à travers la mise en place d’un fond de gestion public et d’un Conseil national du médicament.

Fabien Roussel souhaiterait faire de la levée des brevets sur les vaccins une priorité. Il estime qu’il n’est « pas tolérable que les grands groupes pharmaceutiques mondiaux veulent se gaver sur la pandémie du Coronavirus ». De plus, la publication annuelle des aides publiques par les entreprises pharmaceutiques ainsi que la réquisition d’une partie des laboratoires privés du médicament sont également des propositions visant à réformer le secteur de l’industrie pharmaceutique.


Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise)


Santé :

Jean-Luc Mélenchon, candidat à l’élection présidentielle pour la 3ème fois, propose un programme qui repose en grande partie sur l’actualisation de son programme de 2017. Ainsi, on retrouve de nouveau le remboursement à 100 % des soins de santé prescrits par la Sécurité sociale ou encore la lutte contre les déserts médicaux en augmentent le nombre de recrutement de médecins publics et en augmentant le nombre de facultés de médecinedans le nouveau programme du candidat de la France Insoumise. Un autre élément ressort des propositions de campagne de Jean-Luc Mélenchon : la volonté de constitutionnaliser la non-marchandisation du corps humain en inscrivant dans la Constitution le droit à l’IVG, le droit de mourir dans la dignité ainsi que l’accès garanti à des soins palliatifs mais en refusant, en revanche, la gestation pour autrui (GPA).

Il explique également vouloir mettre en place un grand plan pour la santé mentale en renforçant notamment les réseaux de Centres Médico-Psychologiques dans l’objectif de réouvrir des lits public en psychiatrie et d’assurer un suivi psychologique ambulatoire par le conventionnement des professionnels.


Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


« Nous allons faire les soins de santé prescrits gratuits. Si c’est trop cher, on aura une discussion sérieuse avec l’industrie pharmaceutique ». Ce tweet du fondateur de la France Insoumise illustre bien l’objectif derrière la création d’un pôle public du médicament qui viserait à supprimer l’influence du secteur privé sur les prix et l’accès au médicament. Pour résumer, si l’industrie pharmaceutique et les autorités françaises ne s’entendent pas sur le prix d’un médicament, le candidat d’extrême-gauche est prêt à recourir à la licence d’office c’est-à-dire à « autoriser un tiers à fabriquer le produit breveté sans le consentement du titulaire du brevet ». Ce tiers serait ainsi le pôle du médicament.

Jean-Luc Mélenchon veut ainsi contrôler l’influence des laboratoires en prévoyant notamment d’interdire l’accès libre des visiteurs médicaux[3] dans l’hôpital public.

« Les lobbies de l’industrie pharmaceutique agissent contre l’intérêt général et pour la seule satisfaction de leurs intérêts particuliers. » Cette citation tirée du programme d’un groupe d’action départemental de la France Insoumise résume l’image de l’industrie pharmaceutique décrite par ce parti….


Anne Hidalgo (Parti Socialiste)


Santé :


Actuellement maire de Paris et candidate du Parti Socialiste pour les élections présidentielles, Anne Hidalgo présente le sauvetage de l’hôpital public comme un de ses objectifs de campagne. En effet, la candidate de gauche souhaiterait mettre fin aux déserts médicaux tout en réformant l’hôpital public actuel. Pour ce faire, elle propose de créer un statut de « médecins assistants » qui remplaceraient une année d’internat par une année de professionnalisation au sein des déserts médicaux rémunérée 3500 euros par mois. Elle envisagerait également de revaloriser les rémunérations et les carrières hospitalières dans le but de renforcer l’attractivité et les effectifs à l’hôpital. Comme de nombreux candidats, elle explique vouloir supprimer le numerus clausus et mettre fin à la fermetures des lits. De plus, la candidate socialiste se dit favorable à une loi visant à autoriser le droit de mourir dans la dignité mais est cependant défavorable au principe de la Grande Sécu, souvent soutenue par les candidats de gauche, qui selon elle mettrait à mal « la participation des travailleurs à la gestion des systèmes sociaux ».

Finalement, son plan de relance de l’hôpital passe par une modification de son financement. En effet, Anne Hidalgo propose de mettre fin à la tarification à l’activité dans les hôpitaux en la remplaçant par une dotation de l’État afin de « tourner la page de l’hôpital-entreprise » comme elle l’explique. Elle souhaiterait également supprimer les Agences Régionales de Santé (ARS) en développant davantage la démocratie sanitaire au sein des hôpitaux. Pour conclure ce plan économique Anne Hidalgo explique finalement vouloir mettre un terme à l’ONDAM (Objectif National des Dépenses de l’Assurance-maladie) en impliquant à la place des acteurs de santé, des élus locaux ou encore des représentants des citoyens afin de définir les besoins.


Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


En ce qui concerne l’innovation en santé, Anne Hidalgo se fixe comme objectif de mettre en place des projets industriels. Elle souhaiterait en effet que la France rattrape son retard en terme de recherche et développement et aimerait de ce fait consacrer 3 % du PIB à la recherche.

De plus, la candidate du Parti Socialiste a expliqué être favorable à des levers temporaires de brevets sur des vaccins et notamment lors du débat sur celui contre la covid-19. Elle souhaite également mobiliser la communauté internationale aux enjeux de la distribution des vaccins et autres produits de santé dans les pays en cours de développement.

Finalement en terme de prix des médicaments, Anne Hidalgo aimerait renforcer l’évaluation médico-économique par les laboratoires afin de se montrer plus exigeants sur les bénéfices attendus dont l’objectif final et de peser sur le prix des médicaments.


Yannick Jadot (Europe Écologie Les Verts)


Santé :


A l’issue de la primaire écologique, Yannick Jadot est désigné candidat du pôle écologiste pour les élections de 2022. En accord avec son programme porté sur l’environnement, le candidat souhaiterait faire de la santé environnementale une priorité. Cette ambition est portée par plusieurs mesures comme la lutte contre la pollution de l’air ou encore contre les perturbateurs endocriniens ainsi qu’une reconnaissance de l’obésité comme ALD ou finalement par la mise en place d’un « Planet score » sur les produits alimentaires qui intégrerait le taux de pesticides, la biodiversité ou encore le bien-être animal.

Le candidat écologique voudrait également apporter un réel engagement sociétal en terme de santé. Cela impliquerait notamment de garantir le droit à une fin de vie digne et apaisée en doublant le nombre de lits en soins palliatifs ainsi qu’en modifiant la loi pour permettre aux personnes qui le souhaitent une fin de vie choisie et assistée. Une autre prise de position du candidat qui s’inscrit dans la même logique vise à faciliter la pratique de l’IVG en permettant aux sages-femmes de réaliser des IVG chirurgicales et en allongeant son délai à 14 semaines (actuellement limité à 12 semaines).

Enfin, pour lutter contre les déserts médicaux, Yannick Jadot souhaiterait supprimer le numerus clausus tout en imposant l’exercice dans les zones en manque de médecins au cours de la première année d’internat et durant les deux premières années d’exercice. En terme de réformes hospitalières il explique vouloir instaurer un plan d’urgence ayant pour objectifs principaux de reprendre la dette des hôpitaux publics, embaucher 100 000 infirmiers ainsi que revaloriser de 10 % les salaires des personnels soignants pour s’aligner sur la moyenne européenne.

Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


Le candidat écologiste ambitionne tout d’abord de poursuivre les projets scientifiques en allouant 1 % du PIB à la recherche publique ainsi qu’en créant une dotation de base pour chaque chercheur. Yannick Jadot a également déclaré vouloir « encadrer l’industrie pharmaceutique » à l’aide d’une loi qui obligera les entreprises pharmaceutiques à divulguer les informations sur la mise sur le marché, les ventes, les remboursements et les prix de vente dans d’autres pays ou encore les profits et dépenses en terme de marketing lorsque les laboratoires feront une demande de remboursement de leurs produits. Yannick Jadot explique également vouloir renforcer l’application de cette même loi par le conditionnement d’aides publiques à ces exigences de transparence comme des subventions, des allégements fiscaux ou encore des prêts. Il prévoit également de lever les monopoles sur certaines productions essentielles.



Jean Lassalle (Résistons !)


Santé :


Issu d’une famille de bergers, Jean Lassalle est le fondateur du parti Résistions. Le candidat explique qu’il faudrait réorganiser notre système de santé et cela passerait principalement par une augmentation du personnel hospitalier. De ce fait, Jean Lassalle propose de recruter en 5 ans 100 000 infirmiers et aides-soignants ainsi que d’ouvrir 20 000 nouveaux lits avec le personnel soignant associé. La lutte contre les déserts médicaux se trouve également au centre des procurations du candidat de Résistons. En effet, l’objectif serait d’avoir un hôpital à moins de 40 minutes de route sur l’ensemble du territoire. Pour cela, l’actuel député du groupe liberté et territoires souhaiterait augmenter le nombre de place dans les universités de médecine et se propose même de financer les études des étudiants qui s’engagent à s’installer minimum 6 ans dans les territoires déficitaires.

Finalement, Jean Lassalle souhaiterait que la Sécurité Sociale couvre toutes les dépenses de santé sur un régime identique à celui de l’Alsace-Moselle où tous les remboursements sont gérés en une fois par les CPAM.



Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


En terme d’industrie pharmaceutique, Jean Lassalle est le seul candidat à s’attaquer au Crédit impôt recherche[4]qui est souvent la principale source de revenus des entreprises de biotechnologies. A la place, il dit préférer des appels d’offres pour la recherche pharmaceutique dans le but d’attirer le capital-risque des acteurs de ce secteur jugé trop frileux pour le candidat. L’objectif est également de proposer le principe des appels d’offres pour l’ensemble des médicaments et ainsi de mettre en concurrence les laboratoires pharmaceutiques pour obtenir le meilleur prix. Une autre de ses mesures vise à rendre l’Agence Européenne du Médicament indépendante des laboratoires pharmaceutiques.


Emmanuel Macron (La République En Marche)


Santé :


L’actuel Président de la république, Emmanuel Macron, se doit de présenter le santé comme une base de son programme électoral notamment après la crise de la Covid-19 qu’il a traversé au cours de son premier mandat. Il estime tout d’abord, comme de nombreux candidats, vouloir mettre un terme aux déserts médicaux mais à l’inverse de 2017 en ne forçant aucun praticien ni étudiant à s’installer sur ces territoires. Il souhaiterait mettre en place un système de pharmaciens ou d’infirmiers référents qui aideraient les médecins en renouvelant des ordonnances par exemple afin de libérer du temps aux médecins de ville qui pourraient ainsi accueillir plus de patients.

De plus, les Eehpad ont également été au cœur du débat de la présidence d’Emmanuel Macron. En effet, le sujet de la population vieillissante ainsi que les nombreux scandales qui ont éclatés récemment ont remis le sujet au centre des débats. Ainsi, le candidate de LREM explique vouloir recruter 50 000 infirmiers et aides-soignants dans les Ehpad.

En terme d’organisation de l’hôpital, Emmanuel Macron estime que le Ségur de la santé est un bon début mais que celui-ci n’est pas suffisant. Il souhaiterait alors revaloriser de nouveau les rémunérations des professionnels de santé tout en simplifiant le système de gouvernance à l’hôpital (réforme demandé par les professionnels de santé hospitaliers depuis plusieurs années)

Sur la question très récurrente de la fin de vie, Macron promet cette fois qu’une convention citoyenne sera adaptée afin de trancher le débat. En effet, cette question se retrouve de plus en plus au centre des opinions politiques et l’actuel Président de la République accepte finalement de revenir dessus.

La grande nouveauté par rapport à la campagne de 2017 d’Emmanuel Macron correspond à un plan ambitieux concernant la santé des femmes. On retrouve par exemple un plan national de lutte contre l’endométriose qui touche aujourd’hui une femme sur dix qui a commencé à prendre forme récemment et sur lequel Macron souhaite bien avancer en passant notamment la maladie sous ALD. Cette mesure, si menée jusqu’au bout est une véritable lueur d’espoir en terme de recherche et prise en charge pour de nombreuses maladies touchant majoritairement des femmes jusqu’ici que trop peu prisent en compte.



Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


Emmanuel Macron est souvent présenté dans les presse ou à la télévision comme un candidat « pro-laboratoires pharmaceutiques ». Cette appellation fait notamment référence aux mesures prisent par le candidate de LREM au cours de son mandat actuel. On retrouve en effet la mise en place d’une campagne de vaccination forte avec l’instauration d’un pass vaccinal par Emmanuel Macron qui ont marqué les esprits. Autre action forte au cours de son mandat ; le plan de 15 milliards d’euros pour l’innovation et les relocalisations françaises. Le chef de l’Etat a en effet participé à l’installation d’un nouvel atelier de Seqens (numéro un français de la chimie pharmaceutique) dans les Hauts-de-Seine qui est un leader mondial de ma production de principes actifs.

De plus, Emmanuel Macron a formulé des déclarations favorables au financement de l’innovation ainsi qu’au rayonnement du secteur de l’industrie pharmaceutique et estime qu’il ne veut en aucun cas « sacrifier l’industrie pharmaceutique pour essayer de faire des économies sur son dos ». Il explique ainsi qu’il est important de payer les médicaments au prix juste quand il y a derrière des innovations ainsi qu’un investissement.

Une autre mesure phare que le candidat soutient depuis 2017 est le fait d’accélérer le processus de mise sur le marché en France (mesure également vivement défendue au sein de l’industrie pharmaceutique).


Valérie Pécresse (Les Républicains)


Santé :


L’ancienne ministre et actuelle présidente du conseil régional d’Île-de-France depuis 2015, Valérie Pécresse souhaiterait mettre en place un « plan d’urgence pour la santé » avec pour priorité de réduire les déserts médicaux. Pour ce faire, elle s’engage à augmenter la rémunération du personnel soignant dans les zones sous-dotées dans le but d’augmenter l’attractivité de ces territoires en créant une dotation régionale pour lutter contre cette désertification. De plus, le renforcement du rôle des pharmaciens d’officine en augmentant leur responsabilité serait également un pilier de cette même lutte. Elle propose également que la 4ème année de médecine générale soit obligatoirement réalisée en zone de désert médical.

Au niveau hospitalier, la candidate des Républicains voudrait recruter 25000 soignants en 5 ans tout en revalorisant le métier des infirmiers et des sages-femmes en augmentant leur implication dans le parcours de soins. Pour mettre cela en place, Valérie Pécresse voudrait augmenter le personnel soignant formé en permettant notamment aux personnes ayant reçu une formation de 5 ans dans le paramédical de rejoindre directement le deuxième cycle de formation médicale et ainsi éviter de passer par la première année sélective.

Enfin, deux autres réformes fortes de Valérie Pécresse sont un recentrage de l’Aide Médicale d’État (AME) pour la médecine d’urgence et le traitement des maladies contagieuses ainsi qu’une position favorable de la candidate à la PMA (procréation médicalement assistée) en permettant l’accès des enfants à leurs origines une fois leur majorité atteinte.



Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


L’industrie pharmaceutique n’est pas un sujet très présent dans le programme de la candidate des Républicains. Si ce thème n’est pas au cœur des débats de Valérie Pécresse, cela s’explique tout d’abord par une volonté de ne pas apporter de réelles modifications au schéma actuel de ce secteur. De plus la candidate reprend dans son programme des réformes portées historiquement par le parti Républicain et ainsi ses réformes et ses idées en matière de santé/pharmacie sont très similaires à celles proposées par François Fillon en 2017. Nous allons ici détailler les principales mesures de l’ancien candidat qui sont donc, indirectement, également portées par la nouvelle candidate de parti.


Un des principaux objectifs des Républicains vise à multiplier les partenariats public-privés dans le but de renouer avec l’excellence de la recherche et de l’innovation en France. L’objectif est de mettre en place un contrat de mandature avec les industriels de santé dans le but d’augmenter leur visibilité pour investir et développer leur activité en France. Pour faire simple, il s’agirait d’assurer une stabilité à la fois fiscale et réglementaire aux laboratoires pharmaceutiques en contrepartie d’engagement de développer la rechercher et la production sur le territoire français. En terme de prix des médicaments, les Républicains veulent simplement vérifier que l’efficacité apportée par les traitements est bien justifiée comparé aux prix souvent élevés mais justifiés expliquent-ils.


Marine Le Pen (Rassemblement National)


Santé :


Marine Le Pen, candidate arrivée au second tour des élections présidentielles contre Emmanuel Macron en 2017, voudrait consacrer 20 milliards d’euros pour la santé. L’une des grandes promesses de la candidate du Rassemblement National est une revalorisation salariale d’environ 10 % pour les infirmiers. La candidate aimerait également libérer du temps médical notamment en élargissant les tâches confiées aux pharmaciens, sages-femmes et infirmiers. Afin de redonner des moyens aux hôpitaux, Marine Le Pen aimerait suspendre la fermeture des lits d’hôpitaux et de remettre en place la dotation globale de fonctionnement[5] (système qui prévalait avant 2007) tout en supprimant et les ARS et donc en confiant la gestion des hôpitaux aux préfets des régions. Enfin, l’ex présidente du RN propose de fixer un plafond de 10 % de personnel administratif dans les hôpitaux.

Une autre proposition fondamentale de Marine Le Pen qui s’inscrit dans son objectif de restreindre l’accès des étrangers à certaines prestations et aides de l’État dans le but de faire des économies, consiste à supprimer l’Aide Médicale d’État (AME) en le remplaçant par un dispositif qui se concentrerait uniquement sur les soins d’urgences vitales (hormis pour les mineurs qui continueraient à bénéficier de l’AME).



Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


Une des priorités de la candidate d’extrême-droite est d’augmenter le nombre de génériques et de lancer la vente à l’unité. En effet, Marine Le Pen compte s’attaquer au prix des médicaments dont les brevets sont tombés en augmentant la proportion de génériques vendus. Elle estime que la France est encore trop en retard sur la proportion de médicaments génériques délivrés. De plus, elle souhaiterait également imposer aux laboratoires pharmaceutiques de développer la vente de médicament à l’unité. Marine Le Pen se dit ainsi prête à engager un bras de fer avec les laboratoires afin de faire diminuer le prix de certains médicaments qu’elle voudrait déterminer uniquement en fonction du coût de production et non par rapport à leur taux de remboursement.

Finalement, dans la même logique la candidate du Rassemblement National souhaiterait « interdire la publicité pour les médicaments notamment par le biais des visiteurs médicaux » et explique être « opposée au marketingopéré par les firmes pharmaceutiques dans les cabinets médicaux ».


Nicolas Dupont-Aignan (Debout La France)


Santé :


Le candidat d’extrême-droite Nicolas Dupont-Aignan souhaiterait premièrement stopper la fermeture de lits à l’hôpital tout en doublant le nombre de lits en réanimation en cinq ans. Il voudrait également augmenter d’un tiers le numerus clausus tout en mettant en place une bourse pour les étudiants en médecine en échange de laquelle ils seront obligés de s’installer dans une zone sous-dotée pendant 5 ans. Le président et fondateur de Debout La France voudrait également rétablir le remboursement de l’homéopathie par la sécurité sociale qu’il estime être « positif pour la santé publique ». Il souhaiterait au même titre que Marine Le Pen dont il a longtemps été l’associé, supprimer l’Aide Médicale d’État (AME) et la remplacer par une aide exceptionnelle pour les urgences sanitaires et les maladies contagieuses. Finalement, Nicolas Dupont-Aignan aimerait augmenter les programmes de préventionnotamment sur le tabac, l’alcool et la drogue.


Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


Tout d’abord, le candidat de Debout La France qui se présente pour la 3ème fois aux élections présidentielles souhaiterait favoriser une synergie entre les laboratoires publics portés sur la recherche fondamentale et les laboratoires privés qui le sont plus sur la recherche appliquée notamment dans les biothérapies. L’objectif de ce partenariat est selon lui de booster la R&D française. En effet, Nicolas Dupont-Aignan veut des brevets et une production française et réclame ainsi que 50 % des médicaments consommés en France soient produits dans le pays. S’il désire renforcer l’activité de l’industrie pharmaceutique en France, il veut en parallèle agir sur le prix des médicaments en s’attaquant à ceux qu’il juge « inefficace ou aux bénéfices douteux » comme par exemple certains vaccins combinés vivement recommandés chez les nourrissons ou encore contre le vaccin anti covid-19 sur lesquels il a toujours eu un avis très négatif et tranché.

Finalement, il promet également de « lutter contre les conflits d’intérêts entre certains médecins et laboratoires pharmaceutiques ».



Éric Zemmour (Reconquête)


Santé :


Historiquement journaliste, écrivain et chroniqueur, Éric Zemmour souhaiterait renforcer la souveraineté nationale en commençant par réserver la protection sociale et les couvertures en matière de santé aux personnes de nationalité française et originaires de l’Union européenne. Dans la même logique, l’ancien polémiste explique vouloir supprimer l’Aide Médicale d’État (AME) sans programme de remplacement de celle-ci. D’autres grandes mesures portées par le fondateur du parti Reconquête sont tout d’abord l’interdiction de la PMA pour les femmes seulesainsi que pour les couples de femmes ainsi que l’abandon du projet de prolongation de l’IVG à 14 semaines.

Pour répondre à la problématique principale des déserts médiaux, Éric Zemmour envisage de recruter 1000 médecins salariés par l’État sur 5 ans pour soigner dans les déserts médicaux tout en rétablissant un système de garde obligatoire pour les médecins sur l’ensemble du territoire français.

Finalement, en terme d’offre et de qualité des soins, le candidat d’extrême-droit explique vouloir augmenter immédiatement de 12 % la rémunération des aides-soignants et des infirmiers, de doubler les capacités de formation de tous les professionnels de santé en gardant le numerus clausus mais en l’élargissant et de redonner aux soignants un pouvoir de décision dans les conseils d’administration des hôpitaux.


Qu’en est-il de l’industrie pharmaceutique ?


En terme d’industrie pharmaceutique, Éric Zemmour a tout d’abord insisté sur le besoin de restaurer la souveraineté française en matière de production des médicaments essentiels et souhaite ainsi rapatrier la production en France. De la même manière, le fondateur de « Reconquête » dit regretter l’absence de la France dans la course aux vaccins Covid-19 et souhaiterait ainsi relancer la recherche française en y consacrant 3 % du PIB. Ainsi, même si le candidat ne s’est pas énormément exprimé sur le sujet il explique avoir pour ligne conductrice une pro-industrie franco-française afin d’augmenter les brevets français ainsi que tous les secteurs de l’industrie sur le sol français.

[1] L’expropriation est une procédure qui permet à une personne publique de contraindre un particulier ou une personne morale à céder la propriété de son bien, moyennant le paiement d’une indemnité. [2] Exproprier= opération tendant à priver, contre son gré, un propriétaire de sa propriété sans rachat ni versement d’indemnité [3] En première ligne face aux médecins, le visiteur médical est chargé de les informer sur les produits dont il assure la promotion. [4] Le crédit d'impôt en faveur de la recherche(CIR) est, en France, une réduction d’impôt calculée sur la base des dépenses de R&D. [5] Elle consistait en une dotation forfaitaire rémunérant la part des dépenses prises en charge par les régimes d’assurance-maladie. Son versement aux établissements de santé était assuré sous la forme d’allocations mensuelles par la caisse de sécurité sociale du régime général.


Manon Raillard


Placedelasanté.fr, Mutualité.fr, lemonde.fr, sites officiels de campagne des candidats, Vidal.fr, lequotidiendumedecin.fr, latribune.fr

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