Début mars 2021, la France a vacciné plus de 4 millions de personnes avec uniquement 9 millions de doses réceptionnées. Cela représente environ 6% de sa population. À titre de comparaison, les États-Unis ont vacciné plus de 62 millions de personnes soit plus de 18% de sa population ou encore le Royaume-Uni a vacciné 22 millions de personnes soit plus de 38% de sa population.
Alors, pourquoi la France a-t-elle pris un tel retard au début de sa campagne de vaccination ?
Défi logistique
Au début de la campagne de vaccination, seul le vaccin Pfizer était autorisé par l’Agence Européenne du Médicament (EMA). Ce vaccin devant se conserver à -80°C, et ayant une stabilité de cinq jours à 5°C, cette campagne de vaccination constitue un vrai défi d’organisation pour tous les pays. La France n’a donc pas voulu se précipiter car, en Allemagne par exemple, 1000 doses ont été perdues. Le gouvernement français voulait donc éviter ce genre de perte. De ce fait, la campagne a été organisée de façon plus réfléchie. Cela a donc pris du temps à démarrer. Cependant, avec l’arrivée récente des vaccins AstraZeneca, Moderna et Johnson & Johnson sur le marché, ce genre de problème ne devraient pas arriver. De plus, l’aide des pharmaciens d’officine étant sollicitée depuis la semaine du 15 mars pour le vaccin AstraZeneca, l’État a l’espoir d’accélérer drastiquement cette campagne. Pour rappel, les officines ont été très efficace durant la campagne de vaccination contre la grippe. Les personnes de moins de plus de 50 ans avec comorbidités, les professionnels de santé, et les personnes de plus de 75 ans pourront maintenant se faire vacciner en pharmacie. Cela pourra désengorger les centres de vaccination, déjà submergés d’appels.
Effort de pédagogie
Selon un sondage, au début de la campagne de vaccination, soit fin décembre 2020, seuls 40% des Français accepteraient de se faire vacciner contre la COVID-19, ce qui fait de la France le pays où l'on observe le plus de réfractaires aux vaccins. Plusieurs causes sont en jeu : la peur des effets secondaires, le doute concernant l’efficacité ou encore une opposition plus générale aux vaccins (mouvement déjà bien installé avant le début de cette pandémie).
Cela oblige donc le gouvernement à ne pas se précipiter et donc à faire de la pédagogie autour de ces vaccins. Selon Alain Fischer, médecin nommé par le gouvernement afin de coordonner la stratégie vaccinale, le rythme de la stratégie vaccinale française "donne le temps de faire les choses bien en termes de sécurité, d'efficacité, d'organisation et d'éthique avec le consentement".
Alors, beaucoup de précautions sont mises en place. La France était le seul pays à demander un consentement par écrit avant l’injection ainsi qu’une consultation préalable "afin d'informer chaque patient sur le vaccin ou d'identifier des contre-indications comme d'éventuelles allergies", relèvent des soignants et spécialistes de la santé publique sur le site The Conversation.
Cette démarche de recueil de consentement prend donc beaucoup plus de temps (environ une demi-heure par patient). L’essentiel, pour le gouvernement et les professionnels de santé, est de faire beaucoup de pédagogie, et de jouer la carte de la transparence au risque de rendre le processus plus lent. Mais cela risque d’être l’option la plus efficace sur le long terme, car le peuple étant très sceptique, il faut donner plus de preuves d’efficacité avant de se jeter rapidement dans la vaccination de masse.
De plus, avec le vaccin du laboratoire AstraZeneca, beaucoup de peur s’est fait ressentir. Une partie du personnel soignant est même réticent à se faire vacciner.
Tout d’abord, la France a autorisé le vaccin uniquement chez les moins de 65 ans (par manque de données) ce qui a fait émettre déjà beaucoup de doutes. Ensuite, on relevait des interrogations quant à son efficacité face aux variants (efficacité prouvée sur plusieurs variants, dont le variant anglais qui est aujourd’hui majoritaire en Ile-de-France). On rajoute à cela l’arrêt de l’utilisation du lot dans de nombreux pays européens, dont la France, suite à quelques cas de thrombose.
Cependant, on rappelle que ce vaccin engendre des effets indésirables d’intensité légère à modérée de type syndrome pseudo-grippal. Ces effets sont les effets qu’on attend d’un vaccin et qui prouve en partie son efficacité. Une prise de paracétamol juste avant la vaccination ainsi que des prises toutes les six heures les jours suivants réduisent considérablement les effets indésirables.
Des doses à partager
L’Union européenne ayant commandé 300 millions de doses, celles-ci doivent être partagées entre 27 pays. De ce fait, tous les pays européens sont logés à la même enseigne : ils doivent attendre l’approvisionnement des vaccins qui rencontrent des problèmes de livraison. Il est donc inutile de se précipiter car la cadence de vaccination est plus élevée que celle de la livraison. Mais tout ce retard d’approvisionnement commence à embêter les dirigeants. Jean Castex, premier ministre, dit vouloir « montrer les crocs » afin que l’Europe ne soit pas laissée de côté pour cette vaccination.
De plus, les doses doivent être aussi partagées au sein de notre territoire national. On a vu que certaines doses, à défaut d’être jetées ont été administrées à un public non prioritaire au début de la vaccination.
Alors pour éviter de jeter des doses inutilement, les vaccins sont acheminés au compte-goutte dans toutes les régions françaises. Cela engendre un manque de vaccin au vu de la demande élevée.
Des espoirs sur l’accélération de la vaccination
Selon le calendrier mis en place par l’État, toute la population aura accès au vaccin d’ici fin aout. Cela implique bien évidemment que tous les vaccins aient eu leur accord par l’EMA et que les vaccins soient bien tous livrés à temps. Pour que cet objectif soit atteint, il faut que tous les professionnels de santé soient impliqués. C’est pour cela que, depuis que le vaccin AstraZeneca est sur le marché, les médecins de ville, les infirmiers ainsi que les pharmaciens vaccinent. Ce vaccin ne demande pas autant d’organisation logistique car il ne doit pas être conservé à des températures très basses. Ce deuxième vaccin permet donc à une population plus large d’avoir accès au vaccin comme les plus de 50 ans, tous les professionnels de santé, dont les étudiants en santé à partir de la 2ème année. Surtout que ce dernier promet une protection qui s’avère plus importante que prévue, ainsi qu’une efficacité contre le variant anglais, qui est majoritaire aujourd’hui en France.
Lydia Kechemir
Sources : Ouest France, BFM TV, France Info
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