Première de 1995 à 2008, la France est aujourd’hui le 4ème producteur européen de médicaments suivi de près par le Royaume Uni et l’Irlande. Si elle ne veut pas chuter dans le classement, et si elle espère retrouver la 1ère place un jour, il faut trouver un moyen de gagner en compétitivité et en attractivité vis-à-vis de l’ensemble des produits de santé, et notamment vis-à-vis des biothérapies innovantes (thérapies géniques et thérapies cellulaires).
De ce fait, le LEEM a proposé et annoncé, le 18 novembre 2020 lors d’une conférence de presse, 10 pistes d’actions articulées autour de 3 gros piliers afin d’y parvenir :
– Investir
– Sécuriser l’approvisionnement
– Accélérer la bio production
Frédéric Collet, président du Leem a indiqué lors de la conférence de presse que « le Leem a présenté le 10 septembre 2020 son analyse de la compétitivité du secteur en s’appuyant sur les recommandations du rapport Kearney. »
En effet, le rapport Kearney confirme que la production industrielle de la France a diminué par rapport aux autres régions d'Europe (-0,9% en France de 2010 à 2017 alors qu’elle était de + 2,8% en Italie).
Cette baisse de compétitivité peut être expliquée par de lourdes réglementations, la concurrence des pays à bas coûts dans les régions traditionnelles d'exportation ainsi que par des normes environnementales et de sécurité (comme la sérialisation par exemple) qui se complexifient et dont le coût augmente.
Ces restrictions aggravent les conditions d’exploitation économique et conduisent à des perturbations des ventes.
Parmi les 315 AMM européennes attribuées de 2016 à 2019, seuls 25 produits ont inscrit le site français en tant que site fabricant.
Malgré cela, la France a encore un avantage, principalement au niveau des médicaments d’origine chimique et possède une structure industrielle importante avec 271 sites. De plus, de nombreuses entreprises industrielles internationales comme Sanofi ou Novartis exercent leurs activités et investissent sur le territoire. Ces départements organisent également le développement de médicaments innovants et disposent de capacités de production industrielle émergentes.
Le défi est donc de relocaliser sans démondialiser, ce qui est le moyen de base d'assurer l'approvisionnement de divers marchés. Cette relocalisation peut s’appuyer sur la structure industrielle importante, qu’il est nécessaire de développer et moderniser en favorisant les investissements.
En effet, Investir est le premier axe autour duquel s’articulent les 10 propositions : le Leem appelle à la mise en place d'un système fiscal adapté aux sociétés d'investissement (Proposition n° 1) et propose également de mieux reconnaitre les investissements sur le territoire français ou européen dans la politique conventionnelle (Proposition n° 2).
Le second axe consiste à assurer l’approvisionnement en préconisant le marquage d’une filière « made in Europe » à travers la mise en place d'un prix plancher pour certains médicaments matures ou encore en promouvant l’innovation thérapeutique (Proposition n° 3).
Le Leem propose également de faire du lieu de production du médicament l’un des critères des appels d’offres hospitaliers (Proposition n° 4) et demande qu’il y ait l’inscription de l’origine de production européenne sur les boites de médicaments fabriquées en Europe (Proposition n° 6).
Un aspect important est, comme vu précédemment, le développement des biothérapies sur le sol français. La France n’est pas un acteur important actuellement, puisque seuls 3 % des anticorps monoclonaux utilisés sur le territoire y sont produits et les capacités de bioproduction sont inférieures à la demande. Cependant, le développement de nouvelles molécules constitue une occasion de rattraper le retard et de retrouver le leadership. De ce fait, le 3e et dernier axe d’action est l’accélération de la bioproduction à travers l’instauration d’un crédit-impôt recherche (CIR) sous forme d'un Crédit impôt développement industriel (CIDI) (Proposition n° 7) et à travers la création d’un fond d’investissements dédié (Proposition n° 8). Le Leem milite aussi pour adapter pro activement la règlementation en vigueur (Proposition n°9) et encourage l’émergence de start-ups en créant un statut particulier de « Jeune Entreprise Productrice » (Proposition n° 10).
Toutes ces mesures permettront de fournir des fonds pour moderniser les terrains industriels existants et de maintenir la compétitivité, ce qui est indispensable afin que la France puisse retrouver sa place de Leader qu’elle avait jusqu’à 2008. La prochaine étape sera, comme l’a indiqué le président du Leem « la question majeure de l’accès aux MTI, les médicaments de thérapie innovante. »
Lily LATHAM
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