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Photo du rédacteurApiep Chatenay-malabry

Injection de CRISPR-Cas9 dans le sang pour soigner une maladie mortelle

La découverte de CRISPR a été récompensée par le prix Nobel en 2020. En quelques années, cette technique d’édition génétique a révolutionné de nombreux domaines. Des médecins voient en lui le traitement de demain pour soigner les maladies génétiques. CRISPR désigne des répétitions de molécules dans le génome. Associées à l’enzyme Cas9, ces répétitions permettent de découper l’ADN à des endroits précis. On peut ainsi supprimer, modifier ou insérer une nouvelle séquence d’ADN dans le gène. Peu coûteux et facile à utiliser par les laboratoires du monde entier.


Les scientifiques des sociétés de biotechnologies Regeneron Pharmaceuticals et Intellia Therapeutics ont fait un énorme bond en avant. En effet, pour la première fois, une maladie génétique a pu être corrigée directement chez l’être humain grâce à l’utilisation des ciseaux moléculaires Crispr-Cas9. Cette association entre une équipe anglaise et néo-zélandaise, a permis d’injecter directement Crispr dans le sang de personnes atteintes d’amylose à transthyrétine, une maladie héréditaire caractérisée par une attaque du système nerveux, des reins et du cœur. Cette pathologie rare est caractérisée par une mutation du gène TTR, qui conduit à l’accumulation de protéines transthyrétines en dépôt autour des nerfs et des organes.


Un agent thérapeutique d’édition de gène, nommé NTLA-2001, a donc été mis au point pour désactiver cette mutation, puis a été donné à six patients dont 4 hommes et 2 femmes à deux dosages différents (0,1 mg/kilo ou 0,3 mg/kilo de NTLA-2001 en intraveineuse). Les scientifiques ont donc suivi de près l'effet du traitement sur la quantité de transthyrétine dans le sérum. Au bout de 28 jours, une réduction significative de la concentration de la protéine transthyrétine a pu être observée : de 87 % pour ceux ayant reçu le dosage le plus fort et de 52 % pour le dosage le plus bas. Les effets indésirables sont très peu à avoir été détectés et sont très légers.


L’étude étant en phase I, c’est-à-dire vérifiant uniquement l’innocuité du produit, elle n’a pas vocation à tirer des conclusions sur son efficacité. Les auteurs se montrent toutefois enthousiastes devant les résultats de ce traitement.

L’essai clinique est toujours en cours, des tests sur de plus grands échantillons sont à l’étude. De plus, un suivi sur le long terme des six premiers patients est nécessaire, d’une part pour évaluer l’action du traitement sur les symptômes de la maladie et d’autre part pour s’assurer qu’aucune édition des gènes hors cible ne s’est produite, bien que pour les auteurs de l’étude la zone où l’édition se produit rend ce risque « faible ».


Lisa BOUZAR


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